Une machine rodée à la communication

18 juillet 2018 0 Par nicolasmayart

Le compte à rebours est lancé : les élections européennes auront lieu dans moins d’un an, du 23 au 26 mai 2019. Le défi pour l’Union européenne : pousser les médias de tous les états membres à s’y intéresser, à l’heure où les sujets européens peinent à se faire une place dans les rédactions françaises.

 

57,46% ? C’est le taux d’abstention aux dernières élections européennes, en 2014, tous pays-membres confondus. Un taux en progression constante depuis les premières élections en 1979, où l’abstention plafonnait à 37%.
Pour les agents de l’Union européenne, l’enjeu des prochaines élections est de faire comprendre aux citoyens l’intérêt de se rendre aux urnes.

Pour cela, ils comptent sur les médias comme relais entre l’Institution et les citoyens.Or les sujets européens n’ont pas la cote dans la plupart des rédactions. Les dernières élections ont bénéficié en France d’une couverture médiatique extrêmement réduite. Selon un rapport du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), les trois principales chaînes privées TF1, Canal + et M6 ont consacré à ces élections respectivement 40, 14 et 7 minutes. France Télévisions, quant à elle, cumulait plus de 6 heures d’antenne, mais a essuyé des critiques compte tenu de son refus de diffuser le débat des têtes de liste. Ce dernier a finalement été relégué sur le site internet francetvinfo.fr, ainsi que sur des chaînes spécialisées telles que LCP, iTélé et Euronews. « En 2014, les médias ne trouvaient pas que les élections européennes étaient intéressantes, regrettent des responsables de la communication du Parlement. Il faut parvenir à faire comprendre qu’elles ont un impact sur la politique nationale et sur la vie des gens ». 80% des Français s’estiment d’ailleurs mal informés sur les sujets européens, d’après les résultats de l’Eurobaromètre 2013, outil de sondage de l’opinion publique.

Des moyens mis en oeuvre pour les journalistes

Un déficit d’informations que déplorent les institutions européennes, qui se démènent pour attirer les médias, en déployant de gros dispositifs. Tous les jours à la Commission se tient une conférence de presse appelée les « Rendez-vous de Midi », une rencontre unique entre journalistes et institutions, qui n’existe nulle part ailleurs sauf à la Maison Blanche, aux Etats-Unis. Dans les bâtiments institutionnels à Bruxelles, du matériel audiovisuel de qualité est mis à la disposition des journalistes de tous les pays.
Les professionnels des médias peuvent ainsi utiliser les studios télé et radio gratuitement. Cela leur permet de venir sur place à moindre coût. Ce matériel est principalement utilisé par des chaînes bénéficiant de peu de moyens. Enfin, bien que cela puisse poser des problèmes déontologiques pour les journalistes, l’Union européenne fournit gratuitement quantité d’images, et notamment des archives. Elle dispose d’un service de traduction performant (24 langues officielles) qui permet à des journalistes de tous les pays de profiter des images, mais aussi de l’ensemble des conférences, des réunions, des débats qui ont lieu dans les institutions.

“Les médias ne peuvent pas se désengager”

Des efforts particuliers vont être fournis pour ces élections de 2019. Une nécessité au vu du vent d’inquiétude qu’a apporté le Brexit et de la monté des extrêmes dans les pays européens. Parmi les dix priorités de la Commission du président Jean-Claude Juncker figure un « changement démocratique », qui passe par une transformation de la communication. Le but du président de la commission est de rendre la communication “ plus politique, à la manière d’un véritable gouvernement, de responsabiliser les commissaires et de renforcer la transparence ”. Cette nouvelle communication s’inspirera fortement du modèle américain. “Le défi, c’est de communiquer autour de 508 millions d’habitants qui ont leur propre culture et leur propre rapport aux médias. Il faut adapter le message aux sensibilités nationales, et donc adapter la façon de faire passer les messages”, explique Renaud Soufflot de Magny, assistant politique du directeur général de la Commission.

Les responsables de la communication espèrent également voir plus de débats retransmis à la télévision dans les pays membres. “Les têtes de liste pourraient se déplacer dans les États. Il y a des bulles nationales, il peut être bon de confronter différents points de vue liés à différents pays”, ont-ils déclaré lors d’un séminaire pour la presse, organisé à l’occasion du compte à rebours des 365 jours avant les élections. Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a martelé le même message durant sa conférence de presse sur le même sujet : « Les médias ne peuvent pas se désengager. Les douze prochains mois doivent susciter des débats. Il faut convaincre les rédactions de l’intérêt des sujets européens ».

 

Anouk Loisel et Laureline Pinjon

 



De nombreux étudiants se sont intéressés à la communication de l’Union européenne.
Parmi eux Tristan Barraux, auteur d’un podcast sur ce sujet :

Léopold Tixador et Morgane Moal se sont penchés plus en détail sur l’Eurovision, le nom donné au programme de communication de l’UE :