La parité femmes-hommes en Europe : un objectif atteignable ?

18 juillet 2018 0 Par nicolasmayart

La parité femmes-hommes est un des objectifs assumés de l’Union européenne. Loin d’être simple, cette quête se heurte à de nombreux obstacles, du conservatisme aux divergences, de toutes natures, entre les pays-membres… ainsi, certains états sont plus exemplaire que d’autres.

D’après une étude de la Commission européenne, la majeure partie des européens considère la parité comme “importante pour la société et pour eux”.
Mais il y a un écart entre la parité de conviction – ce que les gens en pensent – et la parité dans les faits. Un résultat contradictoire au chiffre précédent est observé : 90 % des Européens se disent pour la parité, mais seulement la moitié pensent que les femmes devraient accéder à des postes plus importants. Étrange car se dire pour la parité homme-femme signifie bien une répartition égale des postes, à tous les niveaux.
A titre d’exemple , le Parlement européen est composé à 36% de femmes. La moyenne européenne parmi les parlements nationaux est, elle, de 27,2 % . Du moins bon au meilleur élève, on a la Hongrie, avec 9,4% de femmes députées, et à l’inverse la Suède avec 43,6% de femmes dans les rangs de son assemblée. Cela souligne aussi les énormes disparités entre les pays de l’UE… Et c’est bien là le défi de l’institution : faire converger sur le plan politique, économique et social, des pays aux traditions culturelles très différentes les unes des autres.

Les pays les plus avancés dans cette quête de modèle égalitaire sont, sans conteste, les pays d’Europe du Nord, comme vu précédemment avec la Suède.

En France, des avancées ont pu être observées grâce à certaines personnalités politiques. « Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin », disait Simone Veil, présidente du Parlement européen de 1979 à 1982. Du chemin a été parcouru, depuis la déclaration de l’éminente femme politique, mais la route reste encore longue pour arriver à une parité raisonnable, et surtout pour atteindre cet objectif au sein de tous les pays de l’organisation. L’Union européenne est à l’initiative de démarches pour s’en rapprocher : en mars 2006, est adopté au Conseil de l’Europe le Pacte européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Il doit permettre, principalement, de lutter contre les conceptions stéréotypées du rôle de l’homme et de la femme, et garantir l’égalité de rémunération pour un même travail.

L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes a, lui, été officiellement créé un an après.

Mises en lumière des violences sexistes au travail

Pour cet institut, la tâche est gigantesque. D’après un sondage de la Commission européenne, une femme sur deux a déjà été victime d’harcèlement sexuel. Sous ce chiffre se cachent plusieurs “degrés” et “formes” de harcèlement : par exemple, une femme sur trois déclare avoir été, sur son lieu de travail, victime de remarques déplacées, de sifflements, de regards libidineux… (d’après une étude Ifop réalisée du 26 au 29 janvier 2018). L’observatoire met également en lumière les profils les plus exposés. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ce ne sont pas les emplois en bas de l’échelle hiérarchique qui sont les plus vulnérables. Ainsi, 48% des cadres et professions intellectuelles supérieures et 49% des femmes chefs d’entreprise déclarent avoir déjà été harcelées, contre respectivement 23 % chez les ouvrières

De récents mouvements tels que “MeToo” et “Balancetonporc”, après le scandale de l’affaire Weinstein ont entraîné d’autres révélations d’agressions sexuelles, qui sont souvent en rapport avec le milieu professionnel, et plus précisément le milieu artistique. Pour certaines victimes d’abus, la prise de parole en a été facilitée en Europe. L’affaire Weinstein avait considérablement mobilisé en Suède notamment, plus qu’ailleurs. L’ambassadrice suédoise en France, Veronika Wand-Danielsson, déclarait dans une interview à l’Express que, si les femmes suédoises avaient suffisamment confiance pour prendre la parole , “ c’est grâce à la politique d’égalité homme-femme lancée voilà plusieurs décennies et dont on voit le résultat dans la société aujourd’hui”. L ’Union européenne espère, sûrement, que d’autres pays suivront la marche entamée par la Suède.

Benjamin Pamiseux