L’Irlande : un enjeu majeur du Brexit

18 juillet 2018 0 Par nicolasmayart

En 2016, le Royaume-Uni votait la sortie de l’Union européenne par référendum, Irlande du Nord incluse. Le Brexit pose la question de l’avenir de l’Irlande. Une possible réunification a été évoquée vendredi 1er juin 2018 par David Davis, ministre anglais chargé du Brexit.

Le Brexit pose de nombreuses questions concernant l’Irlande et son futur. La République d’Irlande est membre de l’Union européenne… que le Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) est sur le point de quitter. Dans la logique du Brexit, l’Irlande du Nord devrait suivre le Royaume-Uni. Même si ses habitants ont voté à 56 % en faveur du maintien dans l’UE.

République d’Irlande et Royaume-Uni sont adhérents au marché unique et à l’union douanière. Cela facilite les échanges entre les deux Irlande. La Zone commune de voyage, ou Common Travel Area, permet de simplifier les contrôles à la frontière. Pour la passer, pas besoin de passeport, il n’y a pas de frontière matérielle avec un poste et des gardes. Ces deux pays sont en coopération.

Ce système est remis en cause par le Brexit. Le problème de l’Irlande du Nord est d’autant plus inquiétant pour le Royaume-Uni que les tensions entre les différentes entités sont loin d’être complètement apaisées.

Une histoire douloureuse

L’histoire de l’Irlande, particulièrement douloureuse, explique les différentes tensions existant encore avec le Royaume-Uni. C’est dès le XIIe siècle que le problème débute, lorsque le pape, par bulle pontificale, offre l’Irlande au roi Henri II d’Angleterre. Il espère ainsi consolider les liens fragiles existant entre Rome et Londres.

Pourtant, ce n’est qu’avec l’arrivé des Tudors que la colonisation sera effective. Le Royaume-Uni, protestant, entame une longue période de discrimination envers les Irlandais catholiques. Ceux-ci tentent de se rebeller à plusieurs reprises. Le gros du conflit a lieu entre 1960 et 1998. Il débute avec la création du mouvement pour les droits civiques. Son objectif : lutter contre les discriminations subies par les catholiques.

Le 10 avril 1998, l’accord de Belfast a mis fin à trente ans de guerre civile. Les catholiques étaient favorables à une Irlande unie, les protestants souhaitaient que le nord du pays reste sous l’autorité britannique. Près de 4000 personnes ont perdu la vie dans cette guerre. Le traité a été signé par les premiers ministres de chaque pays mais aussi par les principaux représentants des nationalistes, et les unionistes. Aujourd’hui, cet accord est pourtant remis en cause par un Brexit refusé par la majorité. En effet, le Brexit amène notamment la question d’un possible rétablissement des frontières entre l’Irlande du Nord et du Sud. Pourtant, selon l’accord de Belfast cela est impossible.

Vers une solution viable ? 

L’Union européenne est dans une impasse. Le ministre britannique David Davis, chargé du Brexit, a évoqué vendredi 1er juin une solution envisageable. Il a annoncé, dans une Interview au Sun, la volonté d’accorder un statut spécifique à l’Irlande du Nord.

Ce statut particulier permettrait aux Nord-Irlandais d’être à la fois Européens et Britanniques. Cela pourrait être une solution pour maintenir les échanges commerciaux avec l’Union européenne.
Le ministre a proposé d’instaurer une zone tampon entre les deux Irlande, pour éviter le retour à une frontière physique. Cette « zone économique spéciale » éviterait un impact trop violent du Brexit sur les locaux et  la mise en place de points de contrôle rigides.

L’Union européenne et les Britanniques s’opposent à la fois à la mise en place d’une frontière physique, qui réveillerait des tensions entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, mais restent tout de même conscients, compte tenu des circonstances et de la sortie du marché unique, que l’absence totale de frontière est impossible.

Malika Barbot et Lena Guillaume